
Tout a commencé avec les supermarchés, pris d’assaut par des consommateurs pressés de faire des réserves. Riz, huile, conserves, eau minérale… tout y passe.
L’ombre d’éventuelles tensions post-électorales plane, et chacun veut “assurer le minimum”. À peine le temps pour les gérants de réapprovisionner que les rayons se vident à nouveau.
Les pharmacies, nouveau théâtre de la panique
Depuis quelques jours, un nouveau terrain de panique s’est ouvert : les pharmacies.
Par crainte de ruptures, de fermetures ou d’émeutes, les populations achètent en masse des médicaments de première nécessité — antidouleurs, vitamines, désinfectants, voire antibiotiques.
Redoutant une période d’incertitude, d’autres vont jusqu’à multiplier les passages en pharmacie, sollicitant plusieurs bons de mutuelle afin d’anticiper toute rupture d’approvisionnement.
L’inquiétude se lit dans les regards, souvent alimentée par des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, où l’intox se mêle à la prudence.
Au fond, cette frénésie révèle une chose : le manque de confiance dans la stabilité du climat socio-politique.
Les souvenirs encore frais des crises passées hantent les mémoires collectives.
Dans un pays qui a souvent payé cher le prix de ses élections, la prudence vire vite à la psychose. L’exode vers l’intérieur du pays : un autre visage de la peur
Les gares routières débordent
Depuis quelques jours, un autre spectacle attire l’attention : celui des gares routières bondées.
Des familles entières, valises à la main, quittent précipitamment Abidjan pour rejoindre les localités de l’intérieur du pays.
« On préfère rentrer au village le temps que les élections passent », confie une jeune mère, assise sur ses bagages à la gare d’Adjamé.
Cet exode temporaire s’ajoute au climat d’inquiétude général.
Entre rumeurs, fausses informations et souvenirs douloureux des crises passées, la psychose gagne du terrain.
Les autorités appellent pourtant au calme et assurent que toutes les dispositions sont prises pour garantir la sécurité des populations.
Une société ivoirienne marquée par la méfiance
La peur, un héritage encore vivant
Cette panique collective en dit long sur la crise de confiance qui s’est installée.
Dans une société encore marquée par ses blessures politiques, la peur semble avoir pris le dessus sur la raison.
Et la grande question demeure : jusqu’où ira cette spirale de méfiance et d’angoisse en cette période électorale ?
Elle s’infiltre dans les conversations, s’amplifie dans les groupes WhatsApp et finit par s’incarner dans les files devant les pharmacies.
On préfère rentrer au village le temps que les élections passent
Il serait peut-être temps de se poser une question : comment redonner confiance à une population qui, à chaque élection, anticipe le pire ?
Car au-delà des étagères vides et des médicaments en rupture, c’est la sérénité nationale qui se vide peu à peu — celle dont tout pays a le plus besoin en période électorale.
